Max Meynier n’est pas inconnu aux yeux de bien des chauffeurs et plus particulièrement, des plus vieux d’entre nous. Dans bien des cas, c’est lui et les aventures racontées en direct par des chauffeurs qui ont fait qu’un jour, des jeunes hommes ont pris la route pour en faire leur métier… Ah quelle époque !
Dans cet article, nous ferons la parallèle entre cette époque, ou plutôt entre cette « grande » époque, et celle que nous vivons actuellement…
« Salut Max, c’est Guillaume du 73, je suis en panne avec mon bahut en Algérie, c’est l’axe de l’essieu arrière de la semi-remorque qui s’est cassé en deux ». Max Meynier prenait le micro et rameutait les autres routiers… Quelques jours après, et parfois le jour suivant, on pouvait entendre Guillaume nous dire « Salut Max, c’est Guillaume du 73, j’étais en panne au milieu de nulle part en Algérie et Romain des transports chouette machin chose bazar ».
Cette histoire, je l’ai entendue personnellement, moi qui suis devenu chauffeur routier par amour du métier à l’âge de 27 ans. Chaque soir, j’écoutais Max et les routiers sont sympas pour m’endormir. A cette époque, le mot « solidarité » n’était pas qu’un simple mot et les chauffeurs n’étaient peut-être pas aussi « égoïstes » que la majorité des gens qui pensent que c’est eux avant les autres…
Mais finalement, la route, qu’est-elle devenue ? Nous n’entendons plus aussi souvent qu’avant des « passionnés » venir nous dire que les route, c’est toute leur vie. A une certaine période, nous étions heureux de prendre notre camion et encore lus heureux lorsqu’on nous disait « tu vas en Slovaquie, ou en Roumaine, ou encore en Russie ». Puis vient un jour où de plus en plus de chauffeurs voulaient rentrer chez eux le vendredi soir, et puis le vendredi soir mais pas trop tard. J’en ai même connu certains qui ne voulaient pas partir trop tôt le lundi et revenir pas trop tard le vendredi et dans ceux-ci, certains ne voulaient plus déloger… La route et ce métier a changé…
Et que dire des employeurs ?
Les systèmes de localisation des véhicules placent les chauffeurs dans de véritables prisons. Dans certains cas, il leur est même interdit de s’arrêter dans une station afin de satisfaire leurs besoins naturels et encore moins, de s’arrêter quelques minutes lorsqu’ils sentent la fatigue arriver. Que dire des planificateurs qui n’en ont rien à faire des règlements du le temps de conduite et de repos, sur l’arrimage,… de toutes manières, le procès-verbal, c’est pour le chauffeur et pas pour eux, alors pourquoi s’en faire. Le chauffeur est devenu un citron que l’on presse continuellement. A 50 ans, le chauffeur est une lavette, fatigué, crevé, vidé,… Et quand il arrive à ce stade, on a vite fait de le remplacer par un autre chauffeur plus jeune, plus « docile »
Le monde de Max Meynier est bien loin derrière nous et nous ne le verrons plus jamais…
A celle et ceux qui vont lire cet article jusqu’au bout, sachez qu’il a été écrit par un ancien chauffeur, qui est devenu syndicaliste en 2008, après avoir créé une association de chauffeurs en 2006, qui en 2010 est devenu permanent syndical, en 2010, 2011 et 2012 a dénoncé les fraudes fiscales et sociales en se rendant en Slovaquie, en Pologne et en Roumaine, qui a été licencié par le syndicat qui l’employait en 2013 car il faisait « trop » de bruit et que ceci déplaisait aux employeurs, qui en 2013 a créé son propre syndicat, et qui en 2020 est fatigué des pseudo-chauffeurs qui se rappellent qu’il y a un syndicat lorsqu’ils ont un problème…
Ce personnage partait en Russie avec un camion qui n’était pas équipé d’une couchette mais qu’une simple planche de bois que l’on glissait sur les deux sièges et sur laquelle on plaçait un petit matelas juste pour pouvoir dormir quelques heures…